Les publicités automobiles en France doivent bientôt orienter les gens vers des modes de transport plus écologiques.
La nouvelle loi entrera en vigueur pour les constructeurs automobiles à partir de mars, alors que le président Macron cherche à lutter contre la pollution de l’air du pays.
La France s’efforce de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et ses partisans estiment que ce règlement est un pas dans la bonne direction.
Les constructeurs automobiles auront le choix entre trois slogans à inclure dans leurs publicités télévisées, radio, imprimées et en ligne : « au quotidien, prenez les transports en commun », « pensez au covoiturage » ou « pour les courts trajets, la marche ou le vélo est préférable ».
Ils doivent également utiliser le hashtag #SeDéplacerMoinsPolluer à la fin du message, qui se traduit par « bouger et polluer moins ». Les entreprises qui n’incluront pas l’avertissement environnemental encourront des amendes pouvant aller jusqu’à 50 000 € par publicité.
Comment les publicités décourageantes s’intègrent-elles dans les plans climat de la France ?
La nouvelle loi fait partie d’un certain nombre de mesures que la France met en œuvre pour aider à atteindre ses objectifs climatiques. Macron a également augmenté l’écotaxe maximale sur l’achat de voitures émettant des niveaux élevés de gaz à effet de serre de 30 000 € à 40 000 € – le plafond étant fixé à nouveau à 50 000 € en 2023.
Les publicités s’arrêteront complètement pour les véhicules émettant plus de 123 grammes de CO2 par km en 2028 – retardé en raison de la pression du secteur automobile. Et plus aucun véhicule à essence ne sera vendu dans le pays à partir de 2035.
Des mesures plus localisées sont en place depuis des années. Strasbourg a été la première ville européenne à utiliser un « système de gestion du trafic intelligent », réduisant le nombre d’ondes stop-and-go le long de ses routes. Cela a permis de réduire les émissions d’oxydes d’azote et de particules nocives des véhicules qui traînent de 8 % et 9 % respectivement.
Pendant son séjour à Paris, la maire Anne Marie Hidalgo a expérimenté une série de règles de lutte contre la circulation, notamment l’interdiction des véhicules diesel fabriqués avant 2006 de la ville en semaine.
Quelle est la réaction en France ?
La dernière décision de Macron fait suite à une campagne à long terme du WWF et d’autres groupes – y compris un rapport qui a constaté que 1,8 milliard d’euros ont été dépensés pour la promotion des SUV en France en 2019. L’ONG affirme que le SUV est le deuxième plus gros moteur d’émissions de gaz à effet de serre au cours de la dernière décennie, derrière les avions.
Isabelle Autissier, présidente du WWF France, estime que les énergivores remplissent « l’espace publicitaire au détriment des véhicules de demain. Cela ne peut pas continuer. Afin de ralentir cette tendance, le gouvernement doit agir en interdisant la publicité pour les véhicules les plus lourds et en la réorientant.
La décision d’inclure des avertissements dans les publicités plutôt que de les interdire purement et simplement (encore) a été considérée comme un compromis.
Et ce ne sont pas seulement les pires contrevenants qui viendront avec une mise en garde. Les Peugeot, Renault et autres voitures françaises courantes devront se conformer à la publicité. C’est similaire aux avertissements de santé sur les publicités pour les aliments et les boissons dans le pays – qui conseillent aux gens d' »éviter de manger trop de graisse, de sucre ou de sel ».
Un patron d’un constructeur automobile français semble le prendre plus ou moins dans sa foulée. « Je prends note, nous allons nous adapter », a déclaré à l’Agence France-Presse Lionel French Keogh, directeur général de Hyundai France.
« Le transport à zéro émission est l’avenir », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était « un peu contre-productif » pour les véhicules électriques de devoir également véhiculer le message.
« Décarboner les transports, ce n’est pas seulement passer à la motorisation électrique », a tweeté la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. « Cela signifie aussi utiliser, lorsque cela est possible, les transports en commun ou le vélo. »