Les experts de l’ONU s’inquiètent des informations faisant état de la participation d’entrepreneurs russes à des exécutions sommaires massives, des détentions arbitraires, des actes de torture et des disparitions forcées.
Les experts des Nations Unies ont exprimé leur inquiétude face aux informations faisant état de «graves violations des droits de l’homme» commises par des mercenaires russes en République centrafricaine, où ils ont soutenu l’armée du gouvernement en difficulté.
Les exactions présumées identifiées par le Groupe de travail sur les mercenaires comprennent les exécutions sommaires massives, les détentions arbitraires, la torture, les disparitions forcées, le déplacement forcé de civils, le ciblage aveugle d’installations civiles et les attaques contre les travailleurs humanitaires.
«Les experts ont reçu et continuent de recevoir des informations faisant état de graves violations des droits de l’homme et de violations du droit international humanitaire, imputables au personnel militaire privé opérant conjointement avec les forces armées de la RCA et, dans certains cas, avec les soldats de la paix de l’ONU», ont déclaré les experts de l’ONU dans un communiqué. déclaration mercredi, nommant les entreprises russes.
«De manière inacceptable, il ne semble y avoir aucune enquête ni aucune responsabilité pour ces abus», ont déclaré les experts.
L’armée russe, qui supervise la présence des entrepreneurs en RCA, et le porte-parole du gouvernement de la RCA n’ont pas immédiatement commenté.
La Russie a envoyé pour la première fois des prestataires de sécurité en RCA en 2018. Elle a renforcé son soutien à la fin de l’année dernière pour aider le gouvernement à repousser une avance rebelle lancée avant l’élection présidentielle du 27 décembre.
Depuis lors, les entrepreneurs ont accompagné les forces nationales lors de la reprise des villes aux rebelles, a déclaré le gouvernement de la RCA. Les rebelles sont en retraite depuis qu’une attaque du 13 janvier contre la capitale Bangui a été déjouée.
Les entrepreneurs comprennent des membres du groupe russe Wagner, ont déclaré les experts de l’ONU.
La violence de ces derniers mois est la dernière flambée d’une guerre civile qui dure depuis huit ans depuis la destitution du président François Bozize, qui a déclaré ce mois-ci qu’il avait pris le contrôle de l’alliance rebelle «Coalition des patriotes pour le changement».
Des milliers de personnes sont mortes en RCA depuis 2013 et plus d’un quart de la population de 4,9 millions d’habitants a fui leur foyer.
Parmi eux, 675 000 sont des réfugiés dans les pays voisins.
«Série d’attaques violentes»
Les forces gouvernementales ont été renforcées par 12 000 forces de maintien de la paix des Nations Unies, ainsi que par des centaines de paramilitaires et de soldats russes et rwandais déployés fin décembre.
Les experts de l’ONU ont déclaré qu’ils étaient «profondément perturbés par les rôles interdépendants des services de sécurité de Sewa, de la société russe Lobaye Invest SARLU et du groupe Wagner basé en Russie.
Ils ont fait part de leurs inquiétudes quant à leur lien «avec une série d’attaques violentes» depuis l’élection présidentielle du 27 décembre.
Ils ont également déclaré qu’ils étaient «troublés d’apprendre la proximité et l’interopérabilité entre ces entrepreneurs» et les forces de l’ONU.
Qui plus est, « il ne semble y avoir aucune enquête et aucune responsabilité pour ces abus », a déclaré le groupe d’experts, ajoutant qu’ils avaient fait part de leurs préoccupations à Moscou, à Bangui et « dans la mesure du possible » aux entreprises.
La Russie a nié que les paramilitaires de Wagner aient été déployés en RCA, affirmant que seuls des instructeurs militaires avaient été envoyés pour former des soldats locaux.
Armée privée
Considéré comme étant lié à un allié puissant du président Vladimir Poutine, Yevgeny Prigozhin, le groupe Wagner aurait été impliqué dans des conflits au Moyen-Orient et en Afrique.
Prigozhin, 59 ans, qui a été frappé de sanctions américaines pour ingérence dans l’élection présidentielle américaine en 2016, nie toute association avec Wagner.
Bien que les entreprises militaires privées soient illégales en Russie, Wagner a joué ces dernières années un rôle de plus en plus important dans la réalisation des ambitions du Kremlin à l’étranger, selon les observateurs.
Des membres du groupe auraient été envoyés aux côtés d’avions de combat et de troupes terrestres russes à la suite de l’intervention de Moscou dans la guerre de Syrie en septembre 2015 aux côtés du président Bashar al-Assad.
Moscou n’a jamais confirmé les rapports faisant état de mercenaires Wagner, mais ce mois-ci, trois groupes de campagne ont lancé une affaire pénale en Russie contre des membres présumés de la sous-traitance à la suite de la décapitation en 2017 d’un homme qui aurait déserté l’armée syrienne.
Les responsables européens ont également pris note du rôle de Wagner dans les conflits au-delà de la Syrie, imposant des sanctions à Prigozhin l’année dernière pour avoir déstabilisé la Libye.